1ère Guerre mondiale 1914/1918
Hommage aux quatre soldats français retrouvés en 2019
La commune de Saint-Laurent-Blangy rend hommage aux quatre soldats français du 159ème Régiment d’Infanterie Alpine dont les corps ont été retrouvés, 105 ans plus tard, à l’occasion de travaux de terrassement par des résidents de la rue Chrétien Lantoine.
Ils ont probablement été tués par un obus allemand au cours des combats acharnés du 22 octobre 1914.
Suite aux fouilles archéologiques minutieuses, et grâce aux deux plaques d’identité retrouvées, une identification a pu être réalisée pour trois des soldats :
Soldat 1 : Homme âgé entre 25 et 39 ans, stature entre 1m59 et 1m66 – Non identifié
Soldat 2 : François MATHERON, âgé de 32 ans, mesurant 1m64 – Plaque retrouvée
Soldat 3 : Sergent Antoine Bonnet, âgé de 23 ans, mesurant 1m68 – Identité probable
Soldat 4 : Maxime DEBARNAUD, âgé de 29 ans, mesurant 1m61 – Plaque retrouvée
Une étude anthropologique a été réalisée afin de dresser le profil biologique et de décrire les traumatismes observés sur les soldats pouvant être en lien avec la cause du décès, grâce à l’Organisme National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre.
Ces quatre soldats seront inhumés à la Nécropole de Notre Dame de Lorette d’Ablain-Saint-Nazaire.
Saint-Laurent-Blangy, le 22 octobre 1914
« Le plan de l’ennemi est simple. Attaquer sur un front restreint entre la ferme Chantecler et la Scarpe, accumuler sur cet étroit secteur une artillerie lourde formidable, écraser tout ce qui résiste, atteindre Saint-Nicolas. Saint-Nicolas tombé, c’est la retraite coupée pour les défenseurs d’Arras, la chute de la ville sera consommée.
Les batteries de 150, 210 et 280 sont installées en secret et le 21 octobre, un bombardement d’une violence inouïe s’abat sur Saint-Laurent-Blangy. Il semble que sous une telle tempête aucune défense ne puisse subsister.
Le 159e fut splendide. Sans faiblir, malgré des pertes cruelles, il se maintient sur ses positions et brise la première attaque.
Mais l’ennemi ne se décourage pas. Toute la nuit et toute la matinée du 22 octobre, le pilonnage infernal se poursuit. A partir de midi, sa violence devient indescriptible.
Les maisons de Saint-Laurent s’écroulent les unes après les autres. Les unités du 159e, déjà désorganisées par le combat de la veille, s’émiettent parmi les décombres qui les isolent.
A 15 heures enfin, le grand assaut débouche, les feldgrau s’infiltrent parmi notre système désorganisé. Çà et là, des nids de résistance tiennent bon, mais, isolés, sont pris à revers. »
Voilà, en quelques mots, résumé le contexte dans lequel se trouvaient les 4 soldats français du 159e régiment d’infanterie alpine, découvert au cours de travaux du mois d’août 2019, lorsqu’ils furent probablement tués par un obus allemand.
Depuis la fin de la Grande Guerre, ce secteur, situé rue Chrétien Lantoine, est resté vierge de toute construction, ce qui a permis une très bonne conservation des restes de ces combattants.
C’est la réalisation, par le propriétaire de la parcelle, d’un terrassement pour l’implantation d’un garage sur cet espace qui a permis de découvrir dans un premier temps une baïonnette française (la fameuse Rosalie), puis une cartouchière et son contenu. Ces éléments ont immédiatement alerté le propriétaire qui a poussé un peu plus ses investigations. Il a alors reconnu des ossements humains liés aux deux découvertes précédentes.
Prévenu par le propriétaire, je me suis rendu sur place et j’ai immédiatement pressenti qu’il pouvait s’agir d’un soldat du 159e (8e compagnie du 2e bataillon, JMO à la date du 21 octobre, 5e ligne) car sur ce secteur, le régiment arrive le 19 octobre et en est chassé le 22, pour ne plus y revenir.
La fouille archéologique a été entrepris par les services archéologique d’Arras.
Nous avons dans un premier temps dégagé le pourtour de ce que nous pensions être l’unique squelette de cette sépulture dont nous avons trouvé le crâne (squelette N°2), mais rapidement, et à notre grande surprise, nous avons découvert un second crâne (squelette N°3) qui, cependant, était en déconnexion anatomique et reposait sur les jambes du squelette N°4.
La suite de la fouille a permis de mettre en évidence un troisième squelette (squelette N°4) puis un quatrième (squelette N°1) situé sous le N°2.
Jean-Luc Letho Duclos
Retour sur la commémoration du samedi 22 octobre
Pose d’une plaque honorant
la mémoire de quatre soldats
du 159ème Régiment Alpin tués
lors des combats du 22 octobre 1914.
Samedi 22 octobre – 11h
Rappel :
C’est en creusant le terrassement pour leur nouveau garage que les propriétaires du 55, rue Chrétien Lantoine (M. et Mme Georges) ont découvert dans leur jardin les restes de 4 soldats français du 159ème Régiment d’Infanterie Alpine, tués au cours des combats du 22 octobre 1914.
Pour trois d’entre eux, une identification a pu être réalisée au vu du matériel retrouvé et de deux plaques.
Soldat 1 : Soldat âgé entre 25 et 39 ans, stature entre 1m59 et 1m66 – Non identifié
Soldat 2 : François MATHERON, âgé de 32 ans, mesurant 1m54 – Plaque retrouvée
Soldat 3 : Sergent Antoine BONNET, âgé de 23 ans, mesurant 1m61 – Identité probable
Soldat 4 : Maxime DEBARNAUD, âgé de 29 ans, mesurant 1m61 – Plaque retrouvée
Salutations …
- L’association du 159ème Régiment d’Infanterie Alpine de Briançon ; (Patrick Lemaitre)
- Duporge pour les Anciens combattants ;
- Deruy, pour la Garde d’honneur de Notre Dame de Lorette ;
- De M. Pierre Kobel et Mme Madeleine Pinson, petit neveu et petite nièce du Sergent Antoine Bonnet.
Mesdames, Messieurs,
C’est avec une émotion certaine que nous avons assisté au dévoilement de cette plaque qui honore la mémoire de ces 4 soldats qui font désormais partie de notre histoire commune.
Ils symbolisent le sacrifice de ces jeunes gens, issus des contrées alpines, qui sont allés défendre leur pays, au péril de leur vie.
Souvenons-nous du contexte de 1914 …
Établi à Briançon – qui dispose elle aussi de fortifications à la Vauban – Le 159ème Régiment d’infanterie alpine, surnommé le « Quinze-Neuf » ou encore le « Régiment de la neige », s’est forgé une solide réputation.
Vivant toute l’année en altitude, au cœur des Hautes-Alpes, il surveille et tient la frontière des Alpes en assurant des postes juchés à plus de 2500 mètres d’altitude, été comme hiver.
Quand éclate la 1ère Guerre mondiale et l’ordre de mobilisation générale, ce sont 4 bataillons placés sous l’autorité du Général Barbot qui sont envoyés en Alsace, puis dans les Vosges et enfin pour défendre Arras qui est une des clés du front nord et surtout de l’accès à la Mer du Nord et aux ravitaillements britanniques.
Le 159ème débarque le 30 septembre et barre d’abord la route des allemands à Monchy-le-Preux avant d’être forcé de se replier sur la route d’Arras, ici même à Saint-Laurent-Blangy.
Vont alors s’y dérouler des combats féroces, tout le mois durant. Après les barricades viennent les tranchées. On tire de tous côtés. On se bombarde à même les rues d’une ville pulvérisée qui n’est plus qu’un champ de ruines.
Arras n’est plus qu’à 1,5 km et la situation est désespérée. Le 20 octobre on pense la ville perdue. Le 21 octobre le beffroi du XVème siècle s’effondre sous les obus et une offensive allemande est lancée.
Le Général Barbot – dont le nom est attribué à l’actuelle rue menant à Arras via Saint-Nicolas – refuse l’évacuation et s’illustre avec une contre-attaque où l’ordre est donné de reprendre les positions perdues, « …Quelles que soient les pertes, … Nos alpins tiendront ! »
Le 22 octobre, les combats finissent à la baïonnette, sous des bombardements inouïs, de manière héroïque et sacrificielle puisque la moitié des hommes sont tués … Mais la victoire est là car Arras est sauvée. L’ennemi n’atteindra pas la mer et désormais, une ligne ininterrompue de tranchées va de la Suisse à la Belgique …
Mesdames et Messieurs, nous sommes le 22 octobre 2022, 108 ans plus tard, jour pour jour. Et nous honorons la mémoire de ces 4 soldats fauchés en pleine jeunesse, loin de chez eux. Ils seront restés enfouis 105 ans, anonymes, dans ces terres chamboulées que même la reconstruction des années 20 n’a pas délogé de leur tombe de fortune.
Ils ont désormais un nom pour 3 d’entre eux. Mais ils sont aussi des centaines et des milliers d’autres à s’être sacrifiés et auxquels nous pensons également.
Ces 4 soldats rejoindront bientôt la nécropole de Notre Dame de Lorette où ils reposeront aux côtés de leurs frères d’armes.
Je vous remercie.